23 juin 2013

L'adolescence en germination...

 J'ai eu un p'tit coup de blues vendredi. Une de ces fatigues de fin de semaine. Je suis allée sur la toile et je suis tombée sur ce billet de Tertone. Et me voilà de nouveau sur mon blog !
C'est fou ce que ce billet m'a rejoint ! 3 petits billets sont nés d'un coup !

Pardon, si dans le feu du quotidien, j'ai perdu le goût, la force
d'écrire mes billets.
J'avais pourtant été fidèle longtemps !
Mais Pffffft ! Le plaisir d'écrire n'était plus là.


J'ai perdu le fil, je me sentais de plus en plus en décalage.
Il y avait surement l'évènement dramatique de la perte
de notre fils Alexandre, et de la nécessaire période de deuil,
couplé au fait que je ne faisais plus l'école à la maison.
Tout un équilibre à réinventer !

Et puis à force de questionnements sur l'utilité de ces partages sur internet, des questions de sécurité, du nombre de blogs qui racontent tous finalement un peu la même chose, l'effet Gloss des images et des phrases lisses qui ne mettent en valeur qu'une partie du réel, ... j'ai commencé à lâcher l'écriture.

La crise est passée dans notre famille aussi
...avec le chômage de mon conjoint.
Et ce petit détail a réduit mes disponibilités en temps à peau de chagrin .
J'aimais partager sur ma pratique Montessori à la maison
 ...mais je n'y étais plus !
Nécessité de gagner sa vie oblige !  ...la "vraie vie" quoi !
Celle du quotidien que je croyais banal.
J'avais le sentiment de faire de moins en moins ce que je considérais être mon rôle : accompagner en Montessori les apprentissages
scolaires de mes enfants.
Ils étaient retournés à l'école,

la page était tournée !

Montessori n'avait plus la même place.

Yvette et Catherine m'ont demandé un coup de main pour accompagner les TP pendant les stages. C'est le seul lien que je voyais. Un énorme plaisir à chaque fois. Merci de leur confiance. Elles me donnaient de l'extérieur ce que je n'avais pas toujours à l'intérieur. Ou du moins, que je ne voyais plus.
Pour moi c'était le désert !

Et comme souvent, le cadeau est venu de mes enfants :

Mon ainée l'an dernier a voulu faire sa première année en dimanches.
"Je suis suffisamment grande pour voir cela de l'autre coté".
16 ans qui ne doute pas que la vie est devant elle !
J'ai donc accompagné ce nouveau mouvement, qui m'a fait un choc !
...et si ce que j'avais semé germait plus loin que prévu ?


Je l'ai vu répondre à ceux qui l’interrogeaient sur sa motivation :
"Non, ce n'est pas pour moi, c'est pour comprendre - mieux - les enfants !".

Ai-je bien compris ? Ma fille ainée se prépare avec sérieux à être adulte.
Ciel, on a beau s'y préparer, ...puisque c'est l'autonomie est le but de l'éducation que l'on donne,
mais quand cela arrive c'est fort d'émotion !
Vous aussi, la vie, en bonne Montessorienne,
vous donnera l'autocorrection !

Je l'ai accompagnée. A coté, j'ai observé son regard
sur le matériel qu'elle connaissait en partie pourtant.
Pendant toute ma formation, j'ai entendu Yvette dire :
"Non, n'écrivez pas, regardez,
cela suffit, puisque vous aurez les polycopiés !"
J'ai vu ma fille observer méticuleusement
les gestes de chaque présentation
et instinctivement, ne pas prendre de notes !

Au TP du mois de décembre, elle a réussi a faire pratiquement toute la feuille.
"...elle connait déjà vous me direz !"
Mais non ! J'ai commencé avec elle, à 7 ans !

Cette année rebelote ! Ma seconde fille m'a demandé la même chose !
et je l'ai accompagnée, elle aussi.

Voilà, juste pour vous donner confiance !
Passer du temps de qualité à écouter et à vivre des choses ensemble,
c'est créer cette ambiance où l'on dit à l'enfant, ou l'ado. :
"Tu es précieux pour moi, et je t'aime."

Un dernier petit détail pour vous donner courage :
Ma grande est dyslexique. (Merci la méthode globale !)
L'an dernier, les profs avaient envisagé une orientation en pro.
Mais en fin d'année dernière, au moment des inscriptions, ma grande l'a dit haut et fort :
elle voulait passer en 2nde générale.
  
Nous lui avons fait confiance.Un peu inquiets.
Nous avons pris rendez-vous au CIO.
La conseillère d'orientation avait dit :
"Votre fille a un tempérament étonnant,
elle est très déterminée, il faut lui donner sa chance !"

Déterminée ?
Oui, je suis au courant !
 l'école à la maison n'avait pas été un long fleuve tranquille !
Croyez-moi !

Cette année en seconde, elle a beaucoup travaillé,
grâce à sa capacité à s'auto-motiver.
Elle passe ... en première S.
Elle est ravie !

Montessori qui continue

Avec la plus jeune de mes filles, l'année a été bonne.

Nous avons trouvé le temps ou les moyens de partager autour de ces deux passions : le dessin et la lecture.
Chaque mercredi, en allant à la médiathèque, je lui ramenais "ses friandises", c'est à dire les 4 ou 5 BD et ces 1 ou 2 livres ... pour "tenir la semaine". Elle avait pris soin, sachant le peu de temps que j'ai ce jour là, puisque je travaille avec les enfants de l'atelier, de mettre un petit papier avec le nom de ce qu'elle souhaitait que je rapporte.
Ce petit billet a été comme un petit mot doux, que je trouvais dans notre sac de bibliothèque, chaque semaine. J'ai aimé qu'elle me fasse cette confiance là.

Car elle lit vite et beaucoup la miss ! Elle aime se mettre avec 3-4 coussins dans le dos, bien calée sur son lit, un chat à coté d'elle, de préférence. Déjà, lorsqu'on faisait l'école à la maison j'avais vite remarqué cela : son besoin de lire.

Coté dessin, nous nous sommes installées pour qu'elle me fasse partager ces derniers dessins.
Elle a gardé des années à la maison ce gout pour ce "temps calme obligatoire" (SIC!) comme je l'appelais. En début d'après midi, puis à d'autres moments ensuite (si, si, le "obligatoire" est ensuite devenu "choisi") , chaque enfant prenait le temps de s'isoler pour trouver quelque chose à faire "seul à seul avec lui-même", au calme.

Elle aime écrire aussi, mais chut ! c'est pour elle-même !
Année après année les profs on remarqué "un style déjà bien affirmé", "une écriture vivante, agréable à lire". Elle a eu plusieurs 17 et 18 en dissertation cette année, ce qui m'épate vraiment !
Le goût des mots et de la langue est là.

Autre évènement mémorable, nous avons accueillis à la maison, pendant le semaine, pour quelques mois, sa meilleure amie qui avait décroché à l'école, et qui a retrouvé le courage de venir au collège chaque jour, grâce à leur amitié.

Comme sa sœur l'avais fait l'année dernière, je l'ai accompagnée pour sa première année Montessori en 10 dimanches, 1 fois par mois.
Cela nous a permis d'avoir du temps pour échanger calmement, en tête à tête parfois, avec d'autres adultes lorsque c'était un trajet de covoiturage.
Ces longs trajets de voiture (je suis partie à chaque fois à 5h15 pour arriver vers 9h00, et idem au retour) nous donnent un espace intime où l'on a pu échanger cœur à cœur, mais aussi rester calmement à regarder les paysages. Parfois, lors des partages avec la ou les personnes qui covoiturent avec nous, j'ai eu le plaisir ou la surprise de découvrir par les anecdotes que ma fille partageait avec les autres, une autre facette d'elle même.
On ne finit jamais de découvrir ses enfants.

Ce choix de les accompagner dans leurs débuts en "Montessori pour eux", c'est aussi, pour moi une partie de leur éducation. C'est une façon de finir mon travail, ou de le continuer jusqu'au bout...
Combien de fois, je me suis dit, si j'avais su avant, j'aurai eu plus de temps pour préparer...
Ce trésor qu'est Montessori dans ma vie, cette vision si humaine des choses, et si proche de la vie, j'ai souhaité leur permettre de le recevoir aussi.

Pour compléter le chemin parcouru ensemble, il  y a eu aussi l'escalade, qu'elle pratiquait avec une autre de ses amies. De quoi goûter au dépassement et toucher de plus près ses limites. Elle est revenue parfois heureuse, parfois déçue. J'ai été la chercher tous les mercredis, et à chaque fois c'est une occasion de plus de se mettre au diapason.

A l'adolescence, la vie est pleine de choses qui travaillent, bousculent et dérangent les jeunes. Ils ont besoin de nous pour, en confiance et sécurité, "faire leur déballage et trier". Je m'aperçois aujourd'hui combien cette relation saine avec eux, mise en place petit à petit est installée et solide.
Il a fallu ces sourires, cette main tendue parfois, le courage d'aller s'excuser d'avoir blessé, la force de dire combien ma limite était atteinte, la douceur de recevoir de l'aide, et d'en dire combien cela me touchait, la fermeté à garder certains principes pour leur donner des points d'appuis qui ne changent pas, la fidélité aussi des repas, des histoires, des trajets taxi, des bisous...

L'école à la maison m'a permis de prendre le temps d'apprendre à être sereinement en lien, elle m'a donné la force de faire beaucoup, avec un respect de l'individu unique, qu'est chacun de mes enfants.

Aujourd'hui nous continuons, je mets en place, avec eux, toujours un peu plus, une ambiance qui leur convienne. Et je suis émerveillée de voir combien, de plus en plus, ils prennent soin de le faire pour eux-même.
C'est ça aussi continuer Montessori.

Le chemin

Il est tôt, 5h30, un dimanche.
Au petit matin, dans le silence de la maison,
je respire l'air frais des fenêtres ouvertes enfin sur l'été et
 ...je me pose là un instant, près de vous.


Cette communauté Montessori de la toile, tous ces liens tissés années après années, et les rencontres, (en "vrai" :-) sont présentes à moi malgré le temps qui me manque pour partager sur ce blog.

Mon fils finit donc son année sur Lyon. Il était dans une école privée de 440 élèves. C'était un grand changement pour lui qui avait été en école à la maison jusqu'à sa grande section, puis en classe unique de 18 élèves en CP puis CE1. Ce changement a été l'occasion de grandir avec bonheur !
Je crois que le lien fort que nous avons, les trajets tous les matins et tous les soirs ensemble en train, ces moments de complicités quotidiens à me raconter tout son petit monde, ses petits soucis et ses grandes découvertes ... y sont pour beaucoup.

Il y a quelques années, Yvette nous disait à sa manière avec ses petites histoires :
"le plus important ce n'est pas le matériel, c'est l'ambiance",
et ...je la questionnais sans cesse sur cette mystérieuse "ambiance" qui était si importante,
et plus je la questionnais, ...moins j'avais l'impression de comprendre !
(Vous savez, les anciens, ce petit sourire qu'elle a ...juste avant de changer de sujet :-)

...parce que je suis plutôt cérébrale,
et que Montessori parle à l'être en entier, j'ai mis du temps à unifier tout cela.

Quoi ! Je m'évertuais à besogner pour fabriquer tout ce matériel ... et le plus important était ailleurs !!!

Doucement, j'ai écouté mon instinct, repéré ces moments où j'étais bien,
et j'ai essayé de les vivres, tout simplement (et pourtant si difficile parfois !)
J'ai compris qu'il s'agit moins de PENSER ou FAIRE, ... que d'ÊTRE.

Le meilleur, c'est que, le plus souvent, mon matériel à fabriquer a été une excellente "thérapie",
pour me recentrer,
avoir du temps pour méditer,
avoir le temps de gouter ... le temps qu'il faut pour le faire.
(Ah les perles à enfiler !)
Le meilleur moyen d'ÊTRE, à la façon Montessori, ...corps, intelligence et esprit réunis.

Yvette m'avais donc appris à ne pas prendre trop appuis sur le cérébral,
mais diversifier mes appuis au quotidien.

En septembre, le choix avait été dur à faire. Changer fiston d'école. Et au final, le principal n'était pas là.
Finalement, je me dis que c'est aussi la manière de prendre du temps avec mon fils (ou à d'autres moments chacune de mes filles), qui a fait de cette année une belle année.
Le chemin vécu, plutôt que la conformité des choses effectuées, par rapport à la planification initiale.

Et, à la fin, l'objectif atteint, mais par mille chemins que l'on ne soupçonnait pas !
... la beauté du chemin parcouru !

Une belle année Montessori !